Michèle Devoisin-Lagarde-Dorothée
“Images de femmes et modernité de Sacher-Masoch”

Ce cavalier français qui partit d’un si bon pas, écrivait en substance un poète à propos de Descartes. Le Chevalier de Sacher-Masoch, dans la seconde moitié du XIXe siècle, s’est lui aussi aventuré vers le futur, dans cet empire austro-hongrois multiculturel, traversé de tensions de toutes sortes, grosses d’un devenir humain profondément transformé.

Il ne saurait être question de réduire son œuvre, ni même sa vie au « masochisme », terme que Krafft-Ebing, à partir de 1901, dans la onzième édition de la Psychopathia Sexualis, c’est-à-dire six ans après la mort de l’écrivain, a dérivé du patronyme de la mère de Léopold de Sacher-Masoch, Charlotte von Masoch.

Alors qu’on admet sans difficulté que l’œuvre de Sade déborde de toutes parts la perversion sadique, on est plus réticent à reconnaître à l’auteur de La Vénus à la fourrure et de nombreux romans et nouvelles riches et complexes, une ampleur de vue et une vision de l’être humain quasi philosophiques, et ceci malgré les commentaires souvent éclairants de Gilles Deleuze, de Pascal Quignard et de bien d’autres.

« Nul plus que le masochiste ne s’interroge sur l’énigme de la femme » déclare le psychanalyste Claude Rabant dans un article consacré à Sacher-Masoch. Certes, mais de quelle femme s’agit-il ? On peut en discerner trois catégories différentes, chacune illustrant le rapport difficile du masculin au féminin : attirance et répulsion ou angoisse, va et vient épuisant entre la proximité et l’éloignement.

L’hypothèse que l’on voudrait présentement développer est que le héros masochiste est moins aux prises avec ses représentations fantasmatiques et plurielles du féminin, qu’avec sa propre féminité, celle que Freud, du bout des lèvres, avait admise sous l’influence de Fliess, faisant une place d’ailleurs jamais vraiment explorée, au concept de bisexualité psychique. Chez Sacher-Masoch, au-delà d’un certain féminisme, perceptible par l’intermédiaire des portraits et déclarations d’héroïnes féminines, Nadège Ossokine dans L’ennemi des femmes par exemple (Die Republik der Weiberfeinde, 1878), peut-être est-ce le surgissement incontrôlé du féminin, comme une Létawitza maléfique (« La Létawitza », Revue des deux Mondes, 15 janvier 1877, traduction Strebinger), qu’il s’agit de juguler.

Quoi qu’il en soit, le masculin et le féminin – la virilité même a changé dit le petit peintre Paul dans l’Esthétique de la Laideur (Die Ästhetik des Häβlichen, 1880) – sont au cœur de l’interrogation toujours recommencée du romancier, préoccupation déjà perceptible dans ses premiers travaux d’historien. A ce titre notamment, Léopold de Sacher-Masoch est bien un des éclaireurs de notre modernité.

 

 

Nenad Ivić
University of Zagreb,
Faculty of Humanities and Social Sciences,
Department of Romance Studies

“Pascal Quignard”

 

 

Stephan Kurz
University of Zagreb,
Faculty of Humanities and Social Sciences,
Department of German Studies

“Gattungserhaltung und Arterhaltung:
Sacher-Masochs Briefnovelle „Die Liebe des Plato“ im Kontext”

Ausgehend vom Befund, dass Sacher-Masoch in den späten 1860er-Jahren verschiedene erzählerische Formen für seine narrativen Texte verwendet hat, untersucht der Beitrag das Wiederaufgreifen der Gattungsmerkmale des Briefromans in der Novelle *Die Liebe des Plato*. Briefe als Distanzmedium eignen sich schon seit dem 18. Jahrhundert besonders für die Darstellung ‚pikanter‘ Inhalte, die im Kontext des Novellenzyklus *Das Vermächtnis Kains* (1870) auch unter dem Leitparadigma des von Haeckel popularisiert in den deutschen Sprachraum übertragenen „Darwinismus“, aber auch unter den Bedingungen der Positionskämpfe im literarischen Feld (Realismus, Idealismus, Naturalismus) neu zu lesen sind.

 

 

Maria Rosa Lehmann
University of Sorbonne-Panthéon Paris 1
“Meret Oppenheim fétichiste – Déjeuner en fourrure (1934) :
Hommage à Leopold von Sacher-Masoch”

« Peu d’œuvres ont ces dernières années tant stimulé l’imagination du peuple comme le fait l’objet surréaliste de Meret Oppenheim, cette tasse, cette assiette et cette cuiller recouvertes de fourrure. […][L]a tasse en fourrure révèle concrètement le réel dans l’improbabilité la plus bizarre. La tension et l’excitation que l’objet provoque chez dix milliers d’Américains se sont exprimées par la colère, la moquerie, le dégoût et le ravissement. » 1

Plusieurs œuvres de Meret Oppenheim documentent sa fascination pour des objets fétichisés – à l’origine d’objets commodes, transformés vis-à-vis des différents matériaux, en particulier la fourrure. Déjeuner en fourrure
(1936), mais également Fur gloves with wooden fingers (1936) ou Squirrel (1964) – tous ces objets sont exemplaires de son approche artistique-fétichiste.

Déjeuner en fourrure est un ensemble de vaisselle – une tasse, une assiette et une cuiller -, que l’artiste suisse recouvre entièrement de fourrure de gazelle. Elle détourne la tasse, commode, et ses accessoires de leur fonction habituelle pour proposer de nouvelles relations. La tasse, l’assiette et la cuiller sont parfaitement identifiables par leur forme mais le seul fait de les recouvrir par un matériau qui paraît si étrange, leur ôte toute fonctionnalité. Elle souligne le contraste entre l’archétype et sa version poétique.

Oppenheim nie toute signification autre que ce contraste textuel, toute interprétation érotique de l’objet. Explique-t-elle que le célèbre nom de Déjeuner en fourrure qui associe pour toujours la tasse, au Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet, puis à la Venus à la fourrure de Léopold von Sacher-Masoch – deux œuvres fortement érotiques -, n’était pas de son invention, mais celle d’André Breton, chef de file du groupe surréaliste. Cependant, même si Oppenheim persiste n’avoir pas eu pour visée une telle interprétation érotique de son objet, on ne peut pas nier sa fascination pour le fourrure fétichiste, ni s’empêcher de penser à une lecture sensuelle de Déjeuner en fourrure. La civilisation ordonnée, représentée par le matériel original de l’objet, la tasse en porcelaine, est envahie par le primitif, le sauvage, symbolisé par la fourrure. La substance même, évoque donc l’exotisme et l’animalité, et de par là, l’appétit sexuel de chacun.

À travers le Déjeuner en fourrure, exemplaire de l’approche fétichiste d’André Breton et les surréalistes, mais
aussi de Meret Oppenheim, je propose une étude détaillée de l’application artistique des théories sur le fétichisme
avancé par Léopold von Sacher-Masoch.

1 Alfred H. BARR, « Surrealism. What it is in literature and the arts, its origin and its future », The World Today, avril 1937, vol.4,
n°4, p.4

 

 

Anna-Dorothea Ludewig
University of Potsdam,
Moses Mendelsohn Center for Jewish Studies

“„Wimpern gleichgeheimnisvollen Tempelvorhängen“ –
– ‚Jüdinnenbilder‘ im Werk von Leopold von Sacher-Masoch”

In Leopold von Sacher-Masochs so genannten Ghettogeschichten überschneiden sich philosemitische und masochistisch-erotische Narrative im Bild der schönen und dominanten Jüdin. Elemente biblischer Heldinnengestalten, insbesondere der Judith, werden durch schwache männliche Figuren kontrastiert, während erstere mutig und tatkräftig das Leben der jüdischen Gemeinschaften im östlichen Europa zu beherrschen scheinen und damit indirekt auch Lösungswege der *conditio judaica* aufzeigen, sind letztere oftmals ein Hemmnis auf dem Weg zu Wohlstand und Aufklärung.
Der Autor, von David Biale treffend als „philosemite in furs“ bezeichnet, führt auch in diesen weniger pornographischen Geschichten Pelze als Insignien weiblicher Macht ein, sie sind zentrale Attribute auch der jüdischen Frauengestalten, in deren Körper er jenes (orientalisierende) Amalgam aus Erotik und Exotik einschreibt, das sich auch in den zeitgenössischen Diskursen spiegelt: Die jüdische Frau wird hier zu einer ‚Orientalin des Ostens‘ stilisiert, deren dunkle und verführerische Schönheit insbesondere dem nichtjüdischen Mann sexuelle Erlösung verheißt. Dass die Verwirklichung dieser Phantasien meist durch die Keuschheit des begehrten Subjekts unmöglich ist, macht diese Frauen insbesondere im Zusammenhang mit masochistischen Neigungen umso anziehender und stilisiert sie zu sinnlichen (Be-)Herrscherinnen ihrer ergebenen Bewunderer.
Vor diesem Hintergrund wird sich der Vortrag aber nicht nur einer Freilegung und Analyse der Sacher-Masoch’schen ‚Jüdinnenbilder‘ widmen, sondern auch die Wirkungsmacht dieser literarischen Verbindung von weiblicher Grausamkeit und Judentum untersuchen.

 

 

Iulia-Karin Patrut
University of Flensburg, German Studies
Transfiguration von Gesellschaft.

“Sacher-Masochs Erkundungen von Literarizität”

 

 

Boris Perić
“Sacher-Masoch-Rezeption in Kroatien :
Reflexionen von «Venus im Pelz bei Miroslav Krleža”

Die Werke von Leopold von Sacher-Masoch waren im Kroatien des späten 19. und frühen 20. Jahrhunderts keineswegs unbekannt. Davon zeugen u.a. Aufführungen seiner Dramen im heutigen Kroatischen Nationaltheater in Zagreb, eine mehr oder weniger konsequente Veröffentlichung seiner Prosa im Feuilleton diverser Zagreber Zeitungen, sowie eine 1884 veröffentlichte Auswahl von Sacher-Masochs Erzählungen in kroatischer Übersetzung (die beiden kroatischen Übersetzungen von „Venus im Pelz“ datieren hingegen aus den Jahren 2003 und 2013). Nichtsdestotrotz wurden in kroatischen Literaturzeitschriften um die Jahrhundertwende Artikel über Sacher-Masoch publiziert, die das von Richard Krafft-Ebbing geprägte Eponym „Masochismus“ zum Gegenstand hatten (z.B. von Antun Gustav Matoš). Obgleich der Name Sacher-Masoch bei Miroslav Krleža weder in Aufzeichnungen, noch in der Sekundärliteratur explizit vorkommt (vergleichsweise zu Sigmund Freud, dessen Einflüsse ebenfalls theoretisch erörtert werden), kann davon ausgegangen werden, dass seine Texte, vornehmlich „Venus im Pelz“, einen nicht zu unterschätzenden Einfluss auf einige Werke Krležas („Die Glembays“, „Die Rückkehr des Filip Latinovicz“) ausgeübt haben. Diese Berührungspunkte, ersichtlich auch durch die Rezeption Sacher-Masochs durch Gilles Deleuze/Felix Guattari etc., sollten den Kern dieser Ausführung bilden.

 

 

Maja Vukušić Zorica
University of Zagreb,
Faculty of Humanities and Social Sciences,
Department of Romance Studies

“Les mythes de Sacher-Masoch”

Le titre « Les Mythes de Sacher-Masoch » pourrait renvoyer à des concepts divergents, comme en témoignent les meilleures lectures de Sacher-Masoch, celle qui ont réussi à réinventer son texte même, notamment celle de Deleuze et de Quignard. On pourrait les dire « perverses », comme dirait Barthes, car elle implique un clivage (Roland Barthes, OC IV, p. 248), et il se fait sentir. En fait, l’auteur de La Vénus à la fourrure a écrit les Femmes slaves, dix nouvelles, réunies en volume en 2013, qui vont ici servir de plateforme pour déployer une petite trajectoire du masochisme naissant et du masochisme décadent, au masochisme contemporain, du carnaval (du congrès panslaviste) au théâtral, du sentimental au comique. Car, il y a masochisme et masochisme, et celui de Sacher-Masoch fait voir la fente ouverte par son écriture, tel la cravache de la femme « bourrelle », son ambition de concilier la littérature, la philosophie et l’histoire naturelle, n’a pu aboutir qu’à une bouffonnerie, à la « tragi-comédie masochiste » (Pascal Pia).  

 

 

Stephanie Weismann
University of Vienna
Department of East-European History

“Gerühmter „Fürsprecher der Ukrainer“ und verhasster „Polenfresser“.
Die „galizische“ Rezeption Sacher-Masochs”

Das habsburgische Galizien diente Sacher-Masoch vor allem als vielversprechendes Setting für seine ersten Erzählungen. Nach anfänglichen Erfolgen in Deutschland und zunehmendem Ruhm in Frankreich begann Sacher-Masoch gezielt Kapital zu schlagen aus dem mythenbehafteten Kulturraum seiner ersten Lebensjahre. Mit Leidenschaft stilisierte er sich nun als slawischer Gentleman-Schriftsteller, gerierte sich auch als Sprecher für galizische Angelegenheiten und pflegte sein Image als *Enfant terrible* aus dem slawischen Osten – er wurde gern gesehener Gast in der französischen Presse, jedoch zunehmend kritisch betrachtet im deutschsprachigen Raum. Hier stellt sich die Frage, wie der selbsternannte Galizier denn in Galizien aufgenommen wurde? Der Beitrag spannt einen Bogen von der polnischen und ukrainischen Rezeption Sacher-Masochs zu Lebzeiten bis heute und thematisiert Stationen einer widersprüchlichen Wahrnehmungsgeschichte vom Ende des 19. Jahrhunderts bis in die Nachfolgestaaten Galiziens, die heutige unabhängige Ukraine und Polen. Wie unterschiedlich Sacher-Masoch wo rezipiert und instrumentalisiert wurde, gibt Auskunft über verschiedenste politische und historische Befindlichkeiten.